Dossier

PARIS 1924

Dans le rétro

En cette année 1924, alors que l'OM vient de remporter pour la première fois la Coupe de France de football au stade Pershing, Paris accueille de nouveau les Jeux Olympiques après ceux de 1900. Cette fois, il s'agit d'un véritable événement, avec de réelles nouveautés. Les épreuves sont ainsi les premières de l'histoire à être commentées en direct à la TSF. Parmi les avancées, figure en bonne place la construction du stade nautique des Tourelles. Il s'agit du premier bassin de 50 mètres utilisé aux Jeux et du premier bassin olympique créé en France. Les concurrents disposent de platesformes en guise de plots et la piscine est divisée en couloirs, séparés par des lignes de bouchons en liège. Quatre ans plus tôt à Anvers, le bassin mesurait 100 m de long et les Américains imposaient déjà leur loi. Mais le phénoménal Duke Kahanamoku avait dû s'y reprendre à deux fois pour confirmer sa suprématie. En effet, les lignes n'étant pas encore matérialisées, un Australien avait déposé une réclamation à l'issue de la finale du 100 m nage libre, affirmant avoir été gêné par un autre concurrent qui lui aurait coupé la route. La finale fut donc disputée une deuxième fois, fait unique dans les annales.

En 1924, deux Marseillais sont sélectionnés en natation, tous deux membres du Cercle des Nageurs. La présence de Bienna Pelegry, l'une des dix-neuf Françaises engagées, représente déjà une performance en soi. Trois sports seulement sont ouverts aux femmes : le tennis, l'escrime et la natation. La Marseillaise est l'une des premières nageuses du pays, sinon la première, à évoluer entièrement en crawl. Elle termine à la cinquième place avec le relais 4 x 100 m tandis que son frère Salvator se distingue sur 1500 m. Il améliore le record de France de la distance et bat aussi, au passage, ceux du 800 m et du 1000 m nage libre. Les Pelegry n'obtiennent pas de médaille, mais compte tenu de leurs conditions d'entraînement, sans piscine à leur disposition, ils sont à féliciter. Le soir, après le travail, Salvator effectue plusieurs fois le parcours entre les Grands Catalans et la pointe du Portugal. On allume alors deux lampes tempêtes à chaque extrémité et les nageurs du CNM enchaînent les traversées. Bienna Pelegry participera encore aux JO d'Amsterdam en 1928 et deviendra Madame Boiteux.

Non classée en 1920, l'équipe de France de water-polo se sent des bras et des jambes d'acier à domicile. Après avoir éliminé les Etats-Unis 3-1 après prolongation au premier tour, les Pays-Bas 6-3 en quart de finale et la Suède 4-2 en demifinale, les tricolores voient se dresser la solide équipe de Belgique en finale. Contrairement aux Français, les Belges sont des habitués des podiums olympiques avec 3 médailles d'argent et 1 de bronze en 4 éditions. Mais dans une piscine des Tourelles archi-comble, ils vont de nouveau buter sur leur plafond de verre. L'équipe de France emmenée par le capitaine Georges Rigal, se montre irrésistible avec dans ses rangs Henri Padou, Paul Dujardin, Robert Desmettre, Noël Delberghe, Albert Mayaud, Albert Deborgies. La victoire 3-0 est nette. La France est championne olympique de water-polo, exploit jamais réédité jusqu'ici.

L'une des grandes vedettes de ces Jeux s'appelle Johnny Weissmuller, un nageur américain de 19 ans, superbe athlète de 1,90 m qui est devenu le premier homme à casser la barre de la minute sur 100 m nage libre. Son gabarit et sa plastique lui vaudront de régner plus tard à Hollywood dans le rôle de Tarzan, à la faveur d'une douzaine de films. A Paris, Weissmuller remporte trois médailles d'or (100 m nage libre, 400 m et 4 x 200 m). Le jeune prodige établit un record du monde avec le relais et remporte la médaille de bronze en water-polo !

Côté marseillais, ces Jeux de 1924 mettent en évidence ''Diddie'' Vlasto. La pensionnaire du Tennis club de Marseille enlève la médaille d'argent en simple, battue en finale par Helen Wills, devenant ainsi la première Marseillaise de l'histoire médaillée olympique.

Patrick FANCELLO