
TITOFF
Confidences d'un showman
Ton spectacle narre les coulisses et les évolutions du milieu du spectacle. Qu’est-ce qui a changé depuis tes débuts ?
Les smartphones et les réseaux sociaux ont tout changé ! Aujourd’hui on peut devenir célèbre avec une seule vidéo. À mes débuts, dans les années 90, tout prenait plus de temps. Avant de connaître la notoriété, j’ai commencé ici, à Marseille, dans de petites salles comme le café Milano, le Quai du rire ou le Chocolat Théâtre. J'avais peu de moyens, c'était le temps de la débrouille. Je me souviens d'ailleurs que Michel Assouline, ami et membre du Cercle, m’aidait à faire ma promo en me sponsorisant gratuitement ! En bref, le succès n'est pas arrivé tout de suite.
Jusqu’à une certaine rencontre…
En effet, Jean-Luc Delarue est venu un soir, incognito, à Marseille, pour assister à l’un de mes spectacles et il m’a proposé de me donner ma chance à Paris. Malgré des débuts en demi-teinte, ça a été une occasion unique de découvrir la ville et de rencontrer du monde par son intermédiaire. C'est comme ça que j'ai notamment connu Dominique Farrugia, ex-Nuls devenu producteur qui va revoir la mise en scène du spectacle et me permettre de rencontrer enfin le succès. Après ça, les choses s'enchaînent et Thierry Ardisson m’invite à intervenir comme sniper dans "Tout le monde en parle", une des émissions phares de l'époque. L'effet télé est immédiat : j'ai 28 ans, de la notoriété et je découvre le monde du showbiz. Je me retrouve par exemple à une soirée avec Robert de Niro, une idole d’enfance. Une anecdote que je raconte, parmi beaucoup d’autres, dans “Showbiz”.
Au départ pourtant tu ne te prédestinais pas à être comédien et humoriste. Ton truc c'était plutôt le sport…
Oui ! J'étais un enfant hyperactif qui avait constamment besoin de se défouler. Étant fan de Bruce Lee, j’ai d’abord commencé par le karaté à 6 ans avant de me mettre au foot. Mon père, un pur marseillais pour qui le football est une religion, me poussait à fond dans cette voie. Il préférait même que je rate l'école plutôt qu'un match ! J’ai été recruté par le centre de formation de Martigues où j'ai joué avec et contre Zidane. Mais en parallèle j’ai découvert le théâtre au lycée et ça a été un vrai coup de cœur. J’ai senti que c'était la direction à prendre, même si c'était une décision risquée…

Tu as été l’un des pionniers du stand-up. Qu’est-ce-que tu aimes dans cet exercice ?
À vrai dire, j’ai commencé le stand-up un peu par hasard. Après des cours de théâtre, j’ai joué quelques sketchs coécrits avec mon frère Laurent puis j’ai monté une petite troupe d’impro avec des copains. Ça s'appelait “Les locos” et ça nous permettait de jouer chacun son tour sur des thèmes tirés au sort. La première fois que j’ai vraiment joué seul, c’est parce qu’un copain avec qui je devais jouer un spectacle d’1h en duo m’a planté ! J’ai eu très peur avant de rentrer en scène mais au bout du compte, j’ai adoré ça. Le retour direct du public, avoir des rires juste pour soi, c’est génial ! C’est ce qui m’a donné envie d’écrire mon premier one-man show.
Tu l'as dit, le succès de ce premier one-man t'ouvre les portes de la télévision mais aussi du cinéma puis de la radio aux côtés de Laurent Ruquier. Comment as-tu fait tes choix ?
Avec beaucoup d’insouciance. Je crois que quand le succès est là, il faut saisir sa chance. C’est certainement très marseillais, cette spontanéité, le fait de ne pas forcément respecter les règles. On force un peu toutes les portes et on saisit les occasions qui se présentent. Quand on m’a proposé mes premiers rôles au cinéma, j’ai accepté toutes les propositions, sans calcul. Ça m'a permis de travailler avec des réalisateurs et des comédiens très différents comme Stomy Bugsy, Marion Cotillard, Daniel Auteuil ou Patrick Bruel. Pareil avec la télé et la radio, j'ai suivi mon instinct et je n'ai aucun regret. J'y ai rencontré des gens formidables.
Aujourd'hui tu partages ta vie entre Paris et Marseille. Quand tu as commencé, la ville n'était pas vraiment à la mode. Aujourd’hui elle est devenue hype. Comment l’expliques-tu ?
C’est vrai qu’à l'époque il y avait du mépris pour les Marseillais et surtout pour notre accent, souvent moqué à Paris. Je pense que les choses ont évolué notamment grâce à la musique car nous avons beaucoup d’artistes talentueux. La culture street et populaire est aussi devenue de plus en plus à la mode, ce qui nous a beaucoup servi. Et tant mieux, c’est une belle revanche pour notre ville !
Quand tu es ici, tu passes beaucoup de temps au Cercle. Quel rapport entretiens-tu avec le club ?
C’est un luxe absolu que de pouvoir passer du temps au Cercle. C’est un concentré de Marseille. On est au cœur de la ville, au centre de plein de cultures avec des champions et des membres venus de tous horizons. Il règne ici un mélange de classe et de simplicité, de politesse et d'élégance, que je trouve unique. J’ai fréquenté de nombreux clubs et je n’ai jamais ressenti ça nulle part. Cela tient sûrement aux installations et au fait que c’est un club réellement sportif : pas de transat, pas de gens qui se regardent. Seulement des Marseillais désireux de faire du sport et de passer des moments conviviaux.
Tu as pratiqué le karaté, le foot et tu continues aujourd’hui de faire du sport. Qu’est-ce-que cela t’apporte ?
Le sport, notamment le karaté, m’a apporté du courage. Ça m'a aussi permis de vaincre mes complexes, de ne pas avoir peur. Avoir de la discipline, cela permet de se mettre en condition pour être en forme au bon moment. J’ai eu la chance de côtoyer de grands champions comme Florent Manaudou ou Teddy Riner, je suis toujours admiratif de ce mélange de calme, d’assurance et d'humilité qu’ils partagent. Et de leur force de travail. C’est toute cette préparation en amont qui leur permet de pouvoir lâcher-prise lors des compétitions et d’exceller. Ils m’inspirent beaucoup. Mes one-man-show sont très physiques et il y a aussi beaucoup de pression, la pratique sportive aide à s’y préparer.
Selon toi, quelle est la journée idéale au Cercle ?
D’abord commencer son cardio dans les nombreux escaliers qui mènent à la salle de sport. Ensuite, 1h de muscu et de sac de frappe puis 30 minutes de natation. Je change souvent de bassins en fonction du planning et je termine souvent par une session de sauna. Ensuite, un peu de farniente, un pastis, des pizzas au coucher du soleil et je crois qu’on est pas mal !
